À l’approche du 150e anniversaire du Canada, il est grand temps de prendre la température de notre pays.

Aux quatre coins du pays, les Canadiens s’enorgueillissent de leur résistance au froid, et avec raison. Après tout, nous vivons dans un pays boréal, qu’une bonne partie des habitants du reste du monde imagine recouvert de neige à l’année. Nous dominons dans les sports d’hiver et nous aimons bien nous moquer des gens qui ne savent pas conduire dans la neige (nos excuses aux Vancouvérois!).

Or, si nous aimons nos ours polaires et le hockey sur un étang gelé, la grande majorité des Canadiens peuplent le Sud du pays. Selon la National Geographic Society, environ trois quarts des Canadiens habitent à moins de 160 kilomètres de la frontière des États-Unis. Nous ne sommes donc pas vraiment un peuple qui accueille à bras ouverts la beauté des grands espaces nordiques.

D’où vient cette contradiction?

Le roman Deux solitudes, publié en 1945 par Hugh MacLennan, a consacré une formule qui définit aujourd’hui la manière dont nous percevons la difference entre les identités anglaise et française au Canada.

Néanmoins, cette polarisation est trop réductrice. Les deux identités fondatrices du pays – le Haut-Canada et le Bas-Canada – ne forment qu’une dichotomie parmi tant d’autres : urbain-rural, colon-Autochtone, jeunevieux, est-ouest, Canadiens-Maple Leafs.

Dans le présent numéro de Wayward Arts, nous explorons les diverses manières dont le Canada incarne la dualité entre le « froid » (ou le cool) et le « chaud » (ou le hot), de nos villes et villages jusqu’à notre musique et à notre cinéma. Ce numéro s’inspire d’une autre paire de solitudes : les extrêmes de notre climat, des grosses tempêtes qui sont devenues le symbole de notre robustesse nationale jusqu’aux étés suffocants que nous chérissons vu leur nature éphémère.

N’y a-t-il pas de meilleure métaphore pour dresser un portrait culturel (bref et extrêmement subjectif, cela dit) du Canada dans le cadre de son 150e anniversaire? Après tout, nous sommes l’incarnation même du froid et du chaud, et nous avons mérité le droit de nous vanter un peu. Même si le patriotisme exacerbé est loin d’être notre spécialité, force est d’admettre que le Canada, à l’âge de 150 ans, s’est forgé une place de choix sur la scène internationale. Notre statut de nation progressiste est aujourd’hui indiscutable, comme à l’époque où nous étions le dernier arrêt du chemin de fer clandestin, ou lorsque nous avons accueilli les conscrits réfractaires pendant la guerre du Vietnam ou encore légalisé le mariage gai.

Mais comme tous les autres pays, nous ne sommes pas parfaits. Nous avons commis de graves erreurs et nous ne devons jamais oublier certaines périodes sombres de notre histoire : les pensionnats indiens et les difficultés constantes des communautés autochtones; la taxe d’entrée imposée aux Chinois; l’internement de Canadiens d’origine japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale; notre engagement contradictoire pour l’extraction de nos ressources naturelles et la lutte contre les changements climatiques.

Mais notre 150e anniversaire, ne l’oublions pas, est un bon moment pour embrasser l’optimisme au Canada. Alors que nos cultures continuent d’évoluer et de s’adapter, célébrons le peuple que nous sommes aujourd’hui et celui que nous pouvons aspirer à devenir.

Levons notre verre au 150e du Canada!

Il est merveilleux de sentir la grandeur du Canada à l’état brut.

— EMILY CARR

Qu’est-ce qui fait qu’un endroit est hot? Vous n’avez qu’à suivre les gens. Ils vous mèneront vers les lieux les plus branchés, ceux qu’il est impossible d’ignorer, car ils regorgent de potentiel financier, créatif, personnel, ou autre. C’est exactement là où il faut être. Ces endroits ont tout pour plaire. Ils sont en tête du classement. Et ils méritent qu’on s’y attarde un peu.

La vallée de L’Okanagan

La vallée de l’Okanagan possède décidément un climat non canadien, mais il est possible de l’aimer sans renier sa patrie. La région est ensoleillée et sèche presque toute l’année, et les terrains de golf, les plages sablonneuses et le lac sublime lui donnent des airs de retraite tropicale. Mais ce qui fait de l’Okanagan un endroit véritablement hot, c’est son industrie viticole découlant de la douceur de son climat. Un voyage dans cette région risque d’éveiller le sommelier qui dort en vous : il y a plus de vignobles qu’on peut en visiter en un seul week-end de dégustation (en demeurant raisonnable), et un festival par saison pour célébrer les raisins primés de la région. Les gens commencent donc à se rendre compte que la vallée est l’endroit où il faut être, et Kelowna est aujourd’hui une des villes canadiennes qui connaissent la croissance la plus rapide.

Oubliez Napa : la vallée de l’Okanagan est en voie de devenir votre destination viticole favorite.

L'Île Fogo

Au large de la côte Nord-Est de Terre-Neuve se trouve l’hôtel le plus hot au Canada : le Fogo Island Inn, un chef-d’oeuvre de design et d’ambition. Depuis son ouverture en 2013, l’auberge, qui se trouve à environ 400 km au nord de St. John’s, accueille son lot de clients jet set ayant envie de déguster des fruits de mer frais et délicieux en regardant dériver les icebergs. Les visiteurs peuvent enfourcher leur vélo pour faire le tour de l’île, qui est habitée depuis presque 300 ans sans interruption, et visiter les studios d’artistes de Joe Batt’s Arm, le village principal.

Comme on est à Terre-Neuve, on a de fortes chances de se retrouver en train de caler du rhum et de chanter avec les gens du coin jusqu’au petit matin.

Toronto

La ville que le reste du Canada aime détester ressent peut-être le besoin irrationnel de devenir la Grosse Pomme du Nord, mais les gens y affluent, et non sans raison. On y trouve une concentration de sièges sociaux qui créent de l’emploi et attirent les investisseurs. Des organisations multinationales telles que PwC ou Forbes classent toujours la ville parmi les dix endroits au monde où la qualité de vie est la meilleure. Des institutions comme le Festival international du film de Toronto font converger les vedettes du monde culturel vers la métropole ontarienne. Les célébrations de la fierté gaie, qui durent un mois, attirent des centaines de milliers de visiteurs. De plus, la ville possède une culture gastronomique aussi diversifiée que ses habitants, et l’immobilier n’y a jamais été aussi chaud, sans le moindre signe d’un refroidissement à l’horizon.

Toronto, cesse de te soucier de ta réputation mondiale et exploite ton grand potentiel.

Hamilton

Ce n’est pas pour rien que la région du Grand Toronto s’arrête à la ville surnommée « The Hammer » (Le Marteau). Cette petite ville tranquille et discrète, fière d’être ouvrière, est tout le contraire de sa ville soeur à l’est, même si elle compte elle aussi son lot de musique locale, de burgers bien gras et de galeries d’art révolutionnaires. Compte tenu du faible coût de la vie, il n’est pas étonnant que les artistes affamées de Toronto s’y installent. Depuis une décennie, ils empruntent l’autoroute QEW (Queen Elizabeth Way) et affluent vers Hamilton, ce qui renforce sa communauté artistique déjà en effervescence. On craint parfois que cet engouement pour Hamilton rende la ville trop chère pour ses habitants actuels, mais cette ville s’est si souvent relevée après des coups durs qu’elle n’a pas peur de ce nouveau défi.

Faites-vous plaisir : arrêtez à Hamilton pour avoir un avant-goût de la scène urbaine ontarienne, sans tous les flaflas.

Les histoires de David contre Goliath sont toujours les meilleures, et l’histoire du cinéma canadien suit cette ligne narrative. Malgré la domination d’Hollywood en matière de distribution et de production de films depuis les balbutiements du cinéma au Canada, nous avons réussi à nous forger une place de choix dans l’industrie, comme en attestent nos statuettes dorées et nos lauriers. Dans les dernières décennies, le Canada a connu une explosion de productions cinématographiques reconnues sur la scène internationale. Aujourd’hui, le cinéma canadien – avec tous les styles, les thématiques et les langages qu’il englobe – sert de modèle quand vient le temps de raconter des histoires audacieuses sur grand écran.

1896

La première projection publique d’un film au Canada a lieu à Montréal, grâce au cinématographe révolutionnaire des frères Lumière.

Nul ne sait si on vendait du maïs soufflé.
1897

James Freer, fermier manitobain et pionnier du cinéma, produit les premiers films canadiens, notamment les productions aux titres littéraux Arrival of CPR Express at Winnipeg et Six Binders at Work in a Hundred Acre Wheatfield.

1903

Léo-Ernest Ouimet ouvre le premier cinéma au Canada, une autre grande première dans le monde du cinéma pour Montréal.

1907

Comme s’il n’était pas suffisant d’avoir ouvert le premier cinéma, Ouimet fonde le plus grand cinéma prestigieux en Amérique du Nord (1 200 places) : le Ouimetoscope.

1911

Pour rivaliser avec le Québec, l’Ontario pose un geste audacieux dans le but de se forger une réputation. En véritable rabat-joie, la province fonde le premier Conseil de la censure en Amérique du Nord pour régir le contenu des films, leur distribution et leur présentation.

1913

Quoi de plus typiquement canadien qu’une histoire d’amour qui se déroule en Acadie? Évangéline, le premier long-métrage canadien, connaît un succès critique et commercial au Canada et aux États-Unis.

1919

Back to God’s Country, un film scénarisé par Nell Shipman, qui y tient également la vedette, devient le film muet le plus populaire de l’histoire canadienne.

Soyons honnêtes : la scène nue de Shipman, dont on a beaucoup parlé, a sans doute contribué au succès du film.
1927

Mary Pickford, vedette canadienne à Hollywood dans les années 1920 et 1930, devient membre fondatrice de la nouvelle Academy of Motion Picture Arts and Sciences.

1939

L’Office national du film du Canada est fondé dans le but de veiller à « la production et la distribution de films nationaux destinés à aider les Canadiens de toutes les parties du Canada à comprendre les modes d’existence et les problèmes des Canadiens d’autres parties ».

Dans un registre aussi nationaliste, l’Office contribue également à créer des outils de propagande pendant la Seconde Guerre mondiale.
1946

Bush Pilot est le seul film anglo-canadien des années 1940, une période de ralentissement de la production cinématographique.

« Ce film s’élève dans la stratosphère du mélodrame nationaliste », peut-on lire dans The Globe and Mail après la restauration du film dans les années 1990.
1949

Le Palmarès du film canadien est créé. Il deviendra ensuite les prix Génie, puis les prix Écrans canadiens. Pour employer un terme que tout le monde comprendra : les Oscars canadiens!

1954

Le gouvernement instaure une déduction pour amortissement de 50 % afin de favoriser les investissements privés dans les sociétés cinématographiques canadiennes.

1964

Une division française distincte de l’Office national du film du Canada voit enfin le jour, ce qui favorise la création d’oeuvres cinématographiques en français qui reflètent réellement l’expérience québécoise.

Il était grand temps, étant donné que le siège social de l’ONF était à Montréal depuis 1956.
1967

Le gouvernement fédéral établit la Société de développement de l’industrie cinématographique (aujourd’hui Téléfilm Canada), en investissant 10 millions de dollars pour engendrer une industrie du long-métrage durable.

Voilà un programme qui a donné de vrais résultats, en finançant les oeuvres iconiques de David Cronenberg, d’Atom Egoyan, de Denys Arcand et de François Girard, pour ne nommer que ceux-là.
1970

Le Torontois Don Shebib réalise un des plus grands films canadiens de tous les temps : Goin’ Down the Road.

Ce film, qui a connu un grand succès critique à sa sortie, est la preuve que les cinéastes et les critiques canadiens ont toujours eu un faible pour les histoires déprimantes.
1971

Une autre (déprimante) oeuvre phare du cinéma canadien sort l’année suivante. Il s’agit de Mon oncle Antoine de Claude Jutra.

1974

Le gouvernement augmente la déduction pour amortissement à 100 %, ce qui signifie que les investisseurs peuvent déduire de leur revenu imposable 100 % des montants investis dans les films canadiens.

Cette mesure engendre une croissance sans précédent de la production cinématographique canadienne : alors que seulement 3 films canadiens avaient été produits en 1974, il y en a 77 en 1979.
1981

Porky’s, le film canadien le plus lucratif, même si un peu douteux, est produit.

1986

Denys Arcand attire l’attention des critiques étrangers avec son Déclin de l’empire américain, primé partout dans le monde.

Il semble bien que le sexe soit un sujet très rassembleur.
1987

Le film I’ve Heard the Mermaids Singing de Patricia Rozema est un des premiers classiques du cinéma queer. Il est acclamé et remporte le Prix de la Jeunesse à Cannes.

1988

Le Centre canadien du film est fondé par le légendaire réalisateur canadien Norman Jewison.

1997

Dans la veine des films canadiens influents et tragiques, The Sweet Hereafter d’Atom Egoyan est acclamé par la critique. Il gagne le Grand Prix à Cannes et fait l’objet de candidatures aux Oscars.

2001

Zacharias Kunuk réalise Atanarjuat : la légende de l’homme rapide, premier long-métrage réalisé par un Inuit et tourné entièrement en inuktitut.

Ce film primé aux quatre coins du monde obtient la Caméra d’Or à Cannes ainsi que six prix Génie.
2002

David Cronenberg, après nous avoir donné froid dans le dos avec ses films pendant des décennies, est nommé Officier de l’Ordre du Canada.

Douze ans plus tard, il deviendra Compagnon de l’Ordre du Canada (le plus grand honneur de l’ordre).
2010

Après avoir connu un succès avec Maelström et Polytechnique, le cinéaste québécois Denis Villeneuve produit Incendies, un film qui reçoit huit prix Génie et fait l’objet d’une candidature pour le meilleur film en langue étrangère aux Oscars.

2013

Le documentaire de Sarah Polley portant sur les secrets de sa famille, Stories We Tell, reçoit une bourse de 100 000 $ pour le meilleur film canadien à la remise de prix de l’Association des critiques de films de Toronto.

Malgré son succès critique, nous ne savons pas encore quelle a été la réaction de sa famille en voyant le film.
2014

La Journée du cinéma canadien est créée dans le but d’unir les Canadiens et de les rassembler sous le thème de leurs succès cinématographiques.

Cinéphages, réjouissez-vous! Vous remplissez maintenant votre devoir patriotique.
2016

Malgré un accueil mitigé pour son film Juste la fin du monde, Xavier Dolan – l’enfant prodige du cinéma québécois – remporte le Grand Prix à Cannes.

Voilà comment un vrai Canadien affronte l’adversité.

«Ayez pitié des pauvres gens dans les pays chauds où il n’y a pas de saisons. L’été y est éternel, et ils ne connaissent pas la douleur de l’attente et la joie de voir l’été enfin arriver.»

— Ray Guy

Le Parlement, au lendemain de l’incendie dévastateur de 1916. On voit encore de la fumée s’échapper du toit de l’édifice du Centre.

Un groupe d’hommes du peuple Kanien’kehá:ka (Mohawk) dans le territoire mohawk de Kahnawake, près de Montréal, en 1869. Ils viennent de remporter le championnat canadien de crosse.

Un moyen de se rafraîchir digne d’une carte postale au Château Lake Louise, en Alberta.

La caserne du Camp Borden, berceau de l’Aviation royale canadienne.

Pierre Trudeau, premier ministre du Canada, et Peter Lougheed, premier ministre de l’Alberta, en conférence de presse en 1977, alors que les esprits s’échauffent au sujet du prix du pétrole.

Au début de la colonisation au Canada, l’été signifiait le retour très attendu des saveurs et des couleurs.

Après la promesse du printemps incarnée par le sirop d’érable et l’effet tonique des premières pousses de pissenlit, l’été se déclinait en plusieurs soussaisons : la saison de la rhubarbe, la saison des fraises, la saison des bleuets, la saison des petits pois, la saison des tomates des champs, la saison des pommes. Chaque sous-saison était en soi une raison de fêter.

Grâce aux colons français d’avant la Confédération, nous avions aussi un accès facile à d’autres ingredients nécessaires aux fêtes dignes de ce nom, dont le houblon canadien, un élément essentiel de l’histoire brassicole du pays. Et avec l’abondance de maïs, de blé et de seigle, le whisky était toujours à la portée des Canadiens. Il y avait d’ailleurs plus de 200 distilleries en exploitation avant la Confédération.

Aujourd’hui, comme la grande majorité d’entre nous (du moins ceux établis dans le Sud du pays) ont accès à tous les aliments possibles et imaginables (ou presque) à l’année, le cycle annuel de nos produits d’été n’est plus attendu avec autant d’impatience. À l’ère où on peut se procurer des tomates de serre potables à l’année, la récolte des premières tomates de champ mûres donne-t-elle la même raison de se réjouir qu’il y a 150 ans? L’adage qui dit « loin des yeux, près du coeur » (ou du palais) est peut-être vrai, après tout.

D’un football à l’autre



Pendant plus d’un siècle, les étés canadiens ont été rythmés par le retour du football. L’école est finie, les chalets ouvrent et des hommes de 130 kg trouvent une autre bonne raison de se foncer dedans.

Au Canada, les origines du football remontent à 1861, avant la Confédération. Cette année-là, l’Université de Toronto enregistre son premier match de rugby, l’ancêtre du football canadien. Le premier règlement codifié du football canadien tel que nous le connaissons aujourd’hui est adopté en 1903. Peu de temps après, le Gouverneur général de l’époque, le Comte de Grey, cherche à récompenser la meilleure équipe du pays en lui décernant un trophée d’argent, tout comme son prédécesseur Lord Stanley de Preston avait fait pour le hockey. En 1909, quand la Coupe Grey est remise pour la première fois, les joueurs canadiens s’affrontent avec aplomb depuis presque un demi-siècle déjà.

Même si la Ligue canadienne de football fait pâle figure à côté de sa cousine américaine, la National Football League, les matchs disputés de Montréal à Vancouver attirent régulièrement des dizaines de milliers de spectateurs, et la Coupe Grey demeure un des événements sportifs télévisés récoltant les plus hautes cotes d’écoute. Ce sport est surtout populaire dans l’Ouest canadien : à Regina, le stade Mosaic devient la cinquième agglomération en importance de la Saskatchewan quand les Roughriders jouent. À Winnipeg, les Blue Bombers transforment quant à eux l’Investors Group Field en troisième ville en importance du Manitoba.

Mais un autre football, dont les origines sont aussi lointaines (sinon plus) que celles du football canadien, devient depuis quelque temps un autre incontournable des étés canadiens.

Le soccer, football association ou tout simplement football – appelezle comme vous voulez – est aujourd’hui le sport le plus populaire au Canada, si on mesure le taux de participation. Bien que les matchs de soccer disputés à Victoria et à Toronto remontent au moins aux années 1860, le pays a mis beaucoup plus longtemps avant de s’échauffer devant ce sport qu’il l’a fait pour le football, le hockey ou le baseball.

Étant donné que tous les pays sauf les États-Unis ont érigé le soccer en religion, il est tout de même déconcertant que ce sport ait mis autant de temps à se tailler une place dans l’imaginaire canadien.

Même les tendances d’immigration ne suffisent pas à expliquer ce délai. S’il est vrai que les politiques d’immigration d’après les années 1960 ont ouvert les portes à des arrivants des quatre coins du globe et ainsi encouragé la récente croissance en popularité du sport, le soccer était tout aussi prisé des populations britanniques, italiennes et allemandes qui constituaient la majorité des immigrants de la première moitié du XXe siècle.

Étant donné que 95 % de la population canadienne est non autochtone, il est possible que les affiliations aux équipes du pays d’origine aient freiné la croissance du sport au pays. Ici, presque tous les partisans du soccer applaudissent l’équipe d’un autre pays dans les tournois internationaux de soccer masculin, une idée que l’habitant typique de São Paolo, de Londres ou de Séoul trouverait tout à fait incongrue.

Pour le soccer féminin, par contre, c’est une autre histoire. Dirigée par Christine Sinclair, notre équipe nationale attire les regards et suscite les conversations. Nous sommes peut-être le seul pays au monde où le soccer national féminin reçoit plus d’attention que le masculin.

Par ailleurs, le soccer est de loin le sport d’équipe le plus populaire auprès des femmes et des filles au Canada. Le taux de participation féminin est presque égal au taux masculin (12 % contre 14 %). En contraste, de l’ensemble des sportifs au Canada, environ 17 % des sportifs masculins jouent au hockey, contre seulement 4 % des sportives, tandis que le taux de participation féminine au football américain est pratiquement nul.

Si on ajoute le coût prohibitif de l’équipement de football, ses règles complexes et ses stratégies qu’on met une vie à maîtriser, en plus de l’agression et de la brutalité physique inhérentes au sport, on comprend facilement pourquoi les jeunes ne font pas la file pour s’inscrire dans l’équipe.

Mais ce ne sont pas seulement les tendances en matière de participation aux loisirs qui changent. Le Major League Soccer, qui compte aujourd’hui des clubs à Toronto, à Montréal et à Vancouver ainsi qu’un peu partout aux États-Unis, a enfin démontré que le soccer professionnel est viable en Amérique du Nord, même si le niveau du jeu est bien inférieur à celui des équipes européennes ou sud-américaines. Au Canada, il est plus facile de suivre les matchs de soccer de la Premier League d’Angleterre, de la Bundesliga allemande ou de la Liga espagnole, ou encore de suivre le tout sur Twitter, où le sport submerge les gazouillis du samedi matin.

Pour l’instant, les cotes d’écoute des matchs de soccer au pays n’arrivent pas à la cheville de celles du football, mais la Coupe du monde féminine de la FIFA 2015, dont les matchs se sont déroulés partout au pays, a généré des chiffres record. Un Canadien sur dix (ce qui représente 3,2 millions de personnes) a regardé le match revanche du Canada contre les États-Unis, et environ un sur sept (5 millions) a regardé la finale de la Coupe du monde masculine de la FIFA en 2014. Ce chiffre est supérieur aux 4,3 millions de téléspectateurs qui ont suivi la Coupe Grey en 2015, mais il est encore bien inférieur aux 8,3 millions de Canadiens qui ont regardé la diffusion du Super Bowl 2016.

Le débat millénaire quant à savoir comment appeler deux sports si différents avec le même nom fera sans doute rage pendant de nombreuses années encore. Le football (de type canadien ou américain) domine encore le petit écran, mais, tout comme la télévision en tant que média, il est ébranlé dans ses fondations mêmes. Ce que les Européens nomment le football (notre soccer à nous) échauffe les muscles des jeunes Canadiens depuis des décennies et pourrait bien arriver au point d’ébullition d’un moment à l’autre.








NOS ARDENTES MALADRESSES :

Nous, Canadiens, sommes curieux et inventifs de nature. Le goût de l’exploration coule dans nos veines, et c’est peut-être à cause de la grandeur infinie de notre pays. Cette quête d’exploration a mené à des découvertes dans plusieurs domains (l’insuline, la fermeture éclair, la poutine...), mais elle a aussi entraîné son lot de déceptions. Peut-être laissonsnous trop souvent nos émotions prendre le dessus? Ou nos plans bien intentionnés sont-ils parfois trop rigides pour que nous nous rendions compte quand quelque chose ne tourne pas rond? Peu importe la cause de nos maladresses, une chose est sûre : nous carburons à la passion.





La Bricklin SV-1

Fabriquée et assemblée au Nouveau-Brunswick par Malcolm Bricklin, millionnaire américain et fondateur de Subaru, la Bricklin SV-1 est conçue pour devenir la voiture sport sécuritaire de l’avenir (SV-1 est l’abréviation de « Safety Vehicle 1 », soit « Véhicule sécuritaire 1 »). Toutefois, en raison de ses caractéristiques de sécurité supplémentaires, elle est si lourde qu’elle ne peut pas faire ce que font les véhicules sport, c’est-à-dire se déplacer rapidement. Seulement 2 584 véhicules seront fabriqués avant que la production soit interrompue en 1975. Le véhicule au destin catastrophique passera à l’histoire comme étant la pire automobile de tous les temps.

La première ambulance de Vancouver

Pour les Canadiens, l’investissement dans le système public de santé n’est pas sujet aux débats. Le 6 octobre 1909 est un grand jour : on teste la première ambulance motorisée dans les rues de Vancouver. Mais l’ironie du sort veut que l’ambulance frappe un touriste américain, qui devient sa première victime... heu, son premier patient.

Le fusil Ross

À la suite d’une petite querelle diplomatique entre le Canada et le Royaume-Uni, qui refuse d’autoriser la production canadienne du fusil Lee-Enfield, Sir Charles Ross prend l’initiative de financer une usine pour fabriquer un fusil qu’il a lui-même conçu. Ce fusil parfait pour la chasse se révèle désastreux pendant la Première Guerre mondiale. Il s’enraye (en raison de la boue) ou surchauffe (en raison des tirs répétés), quand ce n’est pas tout simplement la baïonnette qui tombe par terre. En 1916, lors de la bataille de la Somme, c’en est assez : on ordonne le remplacement de tous les fusils Ross.

Les Jeux olympiques de 1976

Lorsqu’elles décident d’accueillir les athlètes du monde, la plupart des villes hôtes des Jeux olympiques rêvent de laisser un héritage durable, mais elles recherchent aussi une présence sur le podium et des jeux sans accrocs. L’héritage laissé par Montréal en 1976 n’a rien d’inspirant. Parmi les problèmes, citons le toit rétractable défectueux du Stade olympique, une tour d’observation qui ne sera prête qu’après la fin des Jeux olympiques et un grand total de zéro médaille pour le pays hôte. À la fin des Jeux, Montréal se retrouve avec une dette d’un milliard de dollars qu’elle mettra 30 ans à rembourser. Quel bel héritage!